Constance Debré, une mère sans la garde de son fils
Avec un tel patronyme, Constance Debré aurait pu, sans surprise, raconter une histoire assez conventionnelle, or c'est tout l'inverse qui courre au fil de ses lignes, dans son dernier livre "Love me tender" : elle y raconte comment elle a perdu la garde de son fils de 8 ans, ainsi que son changement total de vie. Un livre du XXIè siècle, fort, puissant, qui tacle les préjugés.
Love me tender
Au départ, il y a une séparation, à l'origine d'un processus de mutation : elle quitte son mari, elle abandonne sa robe d'avocat pour se consacrer à l'écriture, elle séduit des femmes qui confortent son homosexualité, et elle nage chaque matin, intensément, avec une rigueur incroyable, comme un exutoire. Sans argent, sans "propriétés", sans biens ni affaires personnelles. Grâce à ses liens amicaux parmi les avocats, elle affronte sur le plan judiciaire son ex-mari qui fait tout pour l'empêcher de voir son fils, en l'accusant d'inceste et de pédophilie, dans le but d'obtenir la garde exclusive de leur fils, Paul, et la déchéance de son autorité parentale. Force est de reconnaitre que se dépenser sans compter pour fendre l'eau lui permet sans doute de tenir, sans couler...
Mère hors norme, homosexuelle, libre, auteure sulfureuse, tous ces attributs ne plaident pas en sa faveur pour gagner face à son ex-mari : la société n'aime pas les positions en marge, et lui fait payer. C'est d'abord en "espace rencontre" qu'elle va pouvoir revoir son fils...
Avec son écriture cash, précise et tranchante, Constance Debré refuse l'existence d'un statut de mère, qui serait pire que celui de femme, elle lui préfère "l'amour, et c'est tout autre chose"...
Constance Debré, l'auteure
Constance Debré est la fille de François Debré, l'un des fils de Michel Debré, le frère de Bernard et de Jean-Louis Debré plus connus médiatiquement. Sa mère était mannequin, elle est morte à 46 ans d’une overdose. "J’ai grandi dans des familles où les femmes étaient viriles, où elles chassaient, elles conduisaient, elles fumaient, où les hommes pouvaient préférer dessiner, lire Rimbaud et ne pas aimer la chasse. C’était gender fluid, la noblesse de maman et la bourgeoisie de papa." Avocate de formation et diplomée de l'Essec, Constance Debré est notamment l'auteur de "Play boy" dans lequel il était surtout question de son coming out.
(Editions Flammarion - 8 janvier 2020 - 192 pages - 18 euros)
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