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Un billet humoristique sur le congé parental par Karine Sicourmat

Quand le coeur à ses raisons…que la raison connaît !

Ca y’est. Je l’ai fait. Il est devant moi, immobile. Rangé. Je viens de ranger mon Gérard Darel porté épaule 36h que j’aimais tant. Symbole d’une page tournée. Symbole d’un changement dans ma vie !

Illustration : Christophe Bouyer

Perchée sur mes Louboutins, un magnifique sac à langer en toile bleu ciel remplace désormais le cuir de vachette que je caressais avant chaque rendez-vous stratégique comme pour me donner du courage.

La page est tournée, comme le symbolise cette toile synthétique à mon épaule… espérons que cela ne me déclenche pas une réaction cutanée.

Je vérifie une dernière fois que tous mes indispensables soient bien dans les multiples compartiments qu’offre ce 100% polyester.

Couches, biberons, lingettes, tétines. Je suis parée, prête pour la ballade !!

Je marche tranquillement, mon allure élancée et poitrine en avant traduisent ma fierté de promener mon fils de 8 mois qui s’extasie de cette découverte du monde. Je contribue fièrement à lui faire découvrir, par moi-même, la nature même de notre environnement.

Car maintenant je suis une maman. Et qui plus est en congé parental !

Congé parental : ces deux mots raisonnent encore en moi comme un soulagement et comme…comme… je me sens étrange, prisonnière de mon moi…

Je m’arrête, une pause me fera du bien. Devant moi, le RER de 9h18 qui file vers Paris, la ville lumière. La ville où se discutent les contrats, la ville où l’on s’entasse dans le métro…dans lequel je tentais, comme mes consoeurs, de tenir tant bien que mal un miroir bien droit, pour la dernière retouche maquillage. Je regarde ce train que je connais par coeur, dont l’odeur me procure rien qu’à le voir, un haut le coeur. Pourtant, je reste figée, agrippant ma poussette. Ce train et ce qui en découle me manquerait-t-il ?

Ce temps là où je m’affairais à jongler entre mes dossiers et les biberons est pourtant bien révolu. Je l’ai décidé. Je vais savourer dorénavant le plaisir d’avoir du temps pour moi, pour mon mari et mon enfant !

Cet après-midi nous irons à la ferme. J’éveillerai mon fils au bonheur de découvrir la véritable nature de la naissance d’un oeuf. Que l’oeuf sort du cul de la poule, et non d’une boite en plastique marron recyclée.

La ferme. Les animaux… J’en viens à espérer que cette ferme ait un sol goudronné. Pas sûre que mes Louboutins tiennent le choc sinon. Ces mêmes Louboutins qui me paraissaient bien plus confortables lorsqu’elles reposaient sur l’épaisse moquette du 36 rue de la Paix que sur ce sol bétonné aux trop nombreux trous en formation.

Les cloques rouges qui me feront souffrir pendant 3 jours encore ont eu raison de moi…

3 jours plus tard :

Ca y’est. Je l’ai fait. Elles sont devant moi, immobiles. Rangées.

Je viens de ranger mes Louboutin que j’aimais tant. Symbole d’une page définitivement tournée. Accroupie, je reste désemparée de ranger mes accessoires qui portent le souvenir d’une vie de business woman active. Et si je m’étais trompée ? Si j’avais fais l’erreur, ce lundi 12 janvier à 9h22 de pénétrer dans le bureau de mon boss, et de lui remettre ma lettre de demande de congé parental ?

Si mon rythme biberon – nounou-métro-boulot – biberon- stretching—dodo me convenait en fait ? Alors que je me perds dans mes pensées, mon fils me regarde. Il me sourit, il gazouille. Il me sourit encore, je réalise, je me rends compte que je suis heureuse. Le bonheur de voir ce petit-être me sourire balaient toutes mes incertitudes liée à ma nouvelle vie. En quelques secondes je viens de ressentir une joie intense. Je laisse derrière moi sans regret ces Darel et Louboutin en chantant.

J’aime ma nouvelle vie.

Mais je vais de ce pas me renseigner sur ces baskets à paillettes et appeler le service marketing de mon sac fétiche pour les encourager à se diversifier. Rêvant de mon sac à langer porté épaule en cuir de vachette lisse… je m’endors avec mon fils, blotti tout contre moi, tous deux fatigués de nos apprentissages d’aujourd’hui.

Car on ne change pas sa plus profonde nature…mais on l’adapte à son quotidien !

Karine Sicourmat, journaliste indépendante

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