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Interview de Janine Boissard, auteur de " Allez France ! "

Interview de Janine BOISSARD, auteur de Allez France !Parent-Solo : Janine Boissard, vous êtes l'une des romancières françaises les plus populaires, avec de nombreux best-sellers tels que L'Esprit de famille, Une femme en blanc, Marie-Tempête, La Chaloupe. Vous venez d'écrire " Allez France ! ", qui évoque la monoparentalité, par le discours d'une petite fille. Racontez nous, brièvement…

Dans "Allez France", j'ai voulu raconter le monde d'aujourd'hui, vu par les yeux d'une petite filles de 9 ans, en CM1, de famille monoparentale, dans une classe multiculturelle. Tous les grands problèmes y sont évoqués.

Les parents de France viennent de divorcer. Elle ne sait plus très bien où elle en est; elle souffre. Durant une année scolaire, les "copains", un instit bien-aimé et sa famille, en particulier ses grands-parents, vont lui permettre de grandir. Et d'espérer.

P.S. : Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur ce thème ?

Les Chambardements qui bouleversent le couple -et ce n'est pas fini- m'ont donné l'envie d'aborder ce thème. France, comme beaucoup d'enfants, ressent sa famille comme une "famille cabossée", pas confortable à vivre.

Mais dans mon livre, je ne me limite pas à la famille monoparentale, je parle également des "recomposées", des "homoparentales" et même des "polygames". Classe multiculturelle et humour obligent.

P.S. : Dans toute votre œuvre, on retrouve une constante : la Famille. Pourquoi cet intérêt majeur ?

De famille nombreuse, avec mes quatre enfants et mes dix petits-enfants, beaucoup de bonheur, mais aussi, forcément, de galères, j'aurais du mal à écrire une histoire où la famille serait absente. Celà existe-t-il? Nous sommes tous nés d'un couple et, qu'elle ait été heureuse ou non, nous portons toute notre vie notre enfance sur nos épaules.

P.S. : Aujourd'hui, la forme traditionnelle de la famille a évolué et continue d'évoluer : foyers monoparentaux, foyers recomposés, foyers isolés. Comment voyez vous cette tendance ?

Ce sont, me semble-t-il, les libertés nouvelles de la femme qui ont fait et feront encore évoluer le couple. Liberté sexuelle, liberté de choisir ou non d'être mère, accès au travail, ce qui lui permet de s'assumer avec ou sans compagnon.

Il y a aussi le fait que l'on vit beaucoup plus longtemps. Lier sa vie pour parfois cinquante ans, dur-dur ! Le divorce s'est simplifié. On hésite moins à se séparer. Lorsque l'enfant est là, il faut cependant garder à l'esprit que toute séparation engendre une douleur pour lui et que son rêve est d'avoir un papa et une maman sous le même toit.

C'est pour ça que France a choisi Maria et Fatima comme meilleures amies car, même si le toit est tout petit et le budget modeste, elles y ont leurs deux parents. Le top !

P.S. : Les petits détails que vous évoquez dans votre roman sont très crédibles. Comment avez-vous " pêché " vos informations ?

Mes petits enfants, dont deux sont en CM1, m'ont beaucoup aidée pour ma docu. Je n'ai eu aucun mal à leur emprunter leur langage. J'adore.

P.S. : En découvrant France et ses amis, il apparaît que tous ont des problèmes, de différents ordres, comme dans la réalité. Finalement, n'est-ce pas banal d'avoir des parents séparés ?

Il n'est et ne sera jamais banal pour un enfant d'avoir des parents séparés. C'est toujours source de souffrance et d'angoisse. Le progrès est qu'aujourd'hui ils ne sont plus montrés du doigt.

P.S. : Les grands-parents ont-ils un rôle important à jouer, pour leurs petits enfants, en se plaçant au dessus du conflit de leurs propres enfants ?

Les grands-parents ont un rôle essentiel à jouer. Tout d'abord, ils ont du temps à donner. Et si la qualité du temps donné est importante, la quantité compte aussi beaucoup. L'enfant attendra parfois plusieurs jours pour confier ce qui le tourmente. Dans le cas d'une séparation, les grands-parents sauront voir les choses de plus haut. Et s'ils s'interdisent toute critique par rapport à l'un ou l'autre parent, ils peuvent aider l'enfant à accepter la situation, tout en lui offrant des racines costauds que personne ne pourra lui enlever.

Mais les grands-parents ont aussi un devoir d'optimisme. Comment voulez-vous qu'avec ce que nos enfants voient et entendent à la télévision ou ailleurs, ils aient envie d'avancer ? Certes, ils sont joyeux, avides de tout, de trop, mais en même temps ils ont peur. En leur transmettant quelques valeurs garde-fous et leur répétant "Tu y arriveras", ils les aident à s'envoler. Eux-mêmes n'ont-ils pas vécu des moments très durs dont ils se sont sortis?

P.S. : France n'apprécie pas vraiment sa " belle-mère ". Comment peut-on bien occuper cette place, d'ailleurs ?

France n'a que neuf ans. Elle reproche forcément à sa jeune belle-mère de lui avoir volé son papa. Plus tard, elle saura mieux faire la part des choses. Il existe de nombreuses familles où l'enfant a adopté son beau-parent et s'entend d'autant mieux avec lui que celui-ci ne dénigre jamais le "vrai".

P.S. : Avez-vous l'impression que les familles monoparentales et leur sort intéressent vraiment nos dirigeants et l'opinion publique en général ?

Le sort des familles monoparentales et autres intéresse tout le monde. De plus en plus, le bien de l'enfant est cherché. et n'oublions pas que la crise du logement est due en partie aux couples qui se séparent. Là où un seul appartement suffisait, il en faut deux. Et oui!

P.S. : Le site www.parent-solo.fr répond visiblement à une demande des papas et des mamans solos qui ont besoin d'échanger aussi sur leur forme de famille non classique. Cela vous surprend-t-il ?

Il est normal que les parents solos cherchent à échanger, s'entraider, profiter des conseils des plus expérimentés pour résoudre leurs problèmes et se sentir moins seuls face à un enfant parfois...insaisissable.

On peut faire un rapport avec le besoin qu'ont nos enfants d'échanger des textos. Ce sont des mains tendues dans un monde instable où jamais l'amitié n'a été si nécessaire.

Dans une récente enquête, les ados mettaient la famille en tête de leurs priorités. Un certain nombre ajoutait: "Dommage qu'on ne s'y parle pas assez". L'expression "Comment vas-tu?" est parfois difficile à prononcer. Et la réponse pas évidente à donner. Faisons de notre mieux. Sans culpabiliser.

Découvrir le livre : " Allez France ! de Janine Boissard

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