La famille : les candidats à la présidentielle 2007, qu’en disent-ils ?
La Famille : un clivage Gauche / Droite traditionnel
Traditionnellement, deux visions s’opposent. A gauche, les mesures prises en faveur de la famille relevaient du social : au poste de Ministre de la Famille de 2000 à 2002, Ségolène Royal (PS) avait confirmé cette direction par des mesures concrètes telles que le congé de paternité, la co-parentalité, la garde alternée, etc.
A droite, les mesures en faveur de la famille relevaient plus de mesures juridiques : réforme du droit civil (procédures, etc) permettant de réaffirmer des valeurs plus conservatrices telles que l’attachement « au principe fondamental de la filiation : un père, une mère, un enfant. » (Valérie Pécresse).
D’un côté, du social et des mesures concrètes, de l’autre côté, du juridique et des valeurs.
La Famille : ce que disent les programmes des principaux candidats
Pour le Front National (Jean-Marie Le Pen), la famille monoparentale, « c'est la conséquence de la dévalorisation de la famille depuis 68, de l'hyper-individualisme contemporain et du refus des engagements durables. » entraînant « un affaiblissement de la morale sociale » : une grande politique familiale est envisagée pour « inciter à la natalité et défendre la structure familiale ».
Le Mouvement Pour la France (Philippe de Villiers) veut mettre en place une « grande politique familiale » aussi : soumettre le versement des allocations familiales au respect par les parents de leurs devoirs vis-à-vis de la société, « défendre le statut du mariage », « inciter au mariage, gage d’une stabilité utile à la société », « donner la priorité aux familles françaises »….
Pour le candidat de Maires soutenu par le Parti des Travailleurs (Gérard Schivardi), la famille n’est pas beaucoup évoquée, mis à part lorsqu’il est question du maintien des services publics : "il faut interdire la fermeture de toutes les maternités, il faut en ouvrir d'autres. Il en va même de l'avenir de la race".
Pour LutteOuvrière (Arlete Laguiller), le programme est davantage idéologique (interdire les licenciement, prendre l’argent aux entreprises capitalistes…) que concret en matière de mesures précises en faveur de la Famille.
A la LCR – Ligue Communiste Révolutionnaire (Olivier Besancenot), sont proposées des mesures en faveur des femmes (loi cadre contre les violences faites aux femmes, égalité professionnelle entre hommes et femmes..), mais peu de choses sur la Famille.
Pour le candidat anti-libéral et alter-mondialiste (José Bové), « Parce que les femmes assument l’essentiel des responsabilités familiales vis-à-vis des enfants et des proches dépendants, parce qu’elles sont majoritaires parmi les chômeurs, les précaires et les bas salaires, elles seront les premières bénéficiaires de l’amélioration de nombreux services publics, de la priorité accordée au service public de la petite enfance et des mesures contre le chômage et la précarité. »
Au CPNT (Frédéric Nihous), le programme ne fait pas mention de la famille sous quelque angle que ce soit.
Chez Les Verts (Dominique Voynet), l’« autonomie et la solidarité sont les deux axes de la politique familiale » : autonomie des femmes, égalité avec les hommes, le droit de chacun de décider de son mode de vie et de sa sexualité, de se marier ou pas, de vivre en couple ou seul, d’avoir ou non des enfants, partage des tâches domestiques pour une répartition équilibrée du temps entre vie professionnelle et vie personnelle, création de lieux d’accueil pour les femmes battues…
Au Parti Communiste (Marie-Georges Buffet), la politique de la famille est intrinsèquement un combat social : le logement, l’emploi et la garde des enfants sont des priorités. Le droit au logement dans la stricte application de la Loi SRU (solidarité et renouvellements urbains), qui oblige les communes à construire au moins 20 % de logements sociaux sur leur territoire, deviendrait un « droit pour tous et partout », permettant de favoriser les familles monoparentales et les familles à très bas revenus. L’Etat, les Collectivités Territoriales, la Caf, les entreprises et les familles devront contribuer à la création, en 15 ans, d’un million de places d’accueil collectif de la petite enfance. « Je plaide pour une meilleure prise en compte de l’évolution des structures familiales, notamment des familles monoparentales. »
L’UDF - Union pour la Démocratie Française (François Bayrou), est un fervent défenseur de la famille, « lieu des valeurs fondatrices ». Il veut défendre les familles dans leur diversité, dans la réalité de leur vie quotidienne et les accepter avec une compréhension réciproque. Il défend et « aime les familles nombreuses ». Il défend la vision du mariage, « union d’un homme et d’une femme », jugée bien souvent traditionnelle. Cependant, ils veulent entendre les couples homosexuels, y compris pacsés, et les difficultés qu’ils rencontrent. Selon eux, la liberté, notamment des femmes, devant le travail et l’accueil des enfants ne doit pas être ignorée. Ils proposent d’aider les entreprises à mieux accueillir les femmes enceintes, avec notamment « des aides au remplacement et à la formation ». Il s’agit d’une « politique de soutien et d’éducation des familles pour que les pères et les mères comprennent que ce qu’a d’essentiel, d’irremplaçable, leur attitude dans la famille : pour donner à l’enfant les repères qui lui serviront toute sa vie. ». L’UDF veut maintenir la loi SRU pour améliorer l’accès au logement et favoriser le développement des structures d’accueil de la petite enfance.
A l’UMP - Union pour un Mouvement Populaire (Nicolas Sarkozy), le candidat propose de soutenir « fortement toutes les familles, sans a priori, car elles sont le premier lieu d’éducation et de solidarité ». Pour les familles en difficulté d’éducation, il propose une mise sous tutelle des allocations familiales. Les couples homosexuels pourront recourir à une union civile leur donnant les mêmes droits que les couples mariés, sauf la filiation et l’adoption. Le statut de « beau-parent » devra être créé, pour les familles recomposées et homoparentales. Il veut instaurer « un droit de l’enfant à être gardé opposable d’ici 2012 », et favoriser le soutien scolaire de sorte qu’il ne soit plus réservé aux plus aisés.
Au Parti Socialiste (Ségolène Royal), la candidate bénéficie d’une acuité sur le thème de la Famille, dû à son passage au Ministère de la Famille. Elle aussi, favorable au maintien de la loi SRU, propose de créer un Service Public de la petite enfance qui « devra garantir à tous les parents le droit effectif à l’accueil et à la garde de leurs enfants de 2 mois à 3 ans ». Elle propose d’aider les femmes en rupture de l’allocation de parent isolé (API) à trouver une nouvelle activité. Elle veut mettre l’accent également sur la lutte contre les violences faites aux femmes (physiques ou morales) qui serait l’objet de son « premier texte dont le nouveau Parlement serait saisi ». Elle veut aussi « traquer l’ensemble des inégalités et des injustices créées » par l’allongement de la durée des cotisations. Elle propose un doublement de l’allocation de rentrée scolaire, versée en 2 fois. Concernant les homosexuels, elle a « conscience du fort effet symbolique qu'aura le vote d'une loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe », et entend « prendre le temps de l'explication aux Français », pour que cette future loi soit bien acceptée. Elle envisage de créer des « emplois-parents » permettant de généraliser les écoles des parents et les consultations de médiation familiale pour les aider à conforter leur autorité. Elle envisage de « faciliter l’accès à la justice des plus modestes », en renforçant l’aide juridictionnelle, précieuse en matière de divorce.
De gauche à droite, les projets vis-à-vis de la famille – en dehors des extrêmes – sont légitimes et ont tendance à se fondre derrière des grands discours. Les clivages traditionnels gauche / droite, social / juridique sont toujours présents. A chacun de se faire son opinion…
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