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L'amour dure trois ans, le meilleur film de Frédéric Beigbeder

L'amour dure 3 ans

"L'amour dure trois ans" est une comédie réalisée par Frédéric Beigbeder, à partir de son propre livre, "L'amour dure trois ans", sorti chez Grasset en 1997.

Le film sort en salles le 18 janvier 2012. Avec Louise Bourgoin, Gaspard Proust, Jonathan Lambert, Bernard Ménez, Nicolas Bedos, Joey Starr...

Voici la critique qu'en fait le quotidien Le Monde dans son édition du 17 janvier 2012, titrant : "L'amour dure trois ans" : sur grand écran, Beigbeder se révèle léger (dans le bon sens du terme)

Dire que le premier film de Frédéric Beigbeder était attendu au tournant est un euphémisme. Chroniqueur littéraire, romancier, dandy noctambule, animateur télé, et aujourd'hui réalisateur, l'homme est un peu trop omniprésent pour ne pas susciter un minimum de défiance. Surtout que son film semble tout autant que lui vouloir jouer sur tous les tableaux : distribué par EuropaCorp, la société de Luc Besson, il réunit une brochette de vedettes scintillantes comme un plateau du "Grand Journal" un soir de réveillon et joue de surcroît la carte de la cinéphilie, citant aussi bien Woody Allen que Claude Lelouch, Jacques Demy que les frères Farrelly.

Mais Beigbeder a l'habitude. Parodiant sa propre émission, "Le Cercle", qu'il anime chaque semaine sur Canal+, il a pastiché - avec talent - plusieurs de ses chroniqueurs dans une vidéo qui circule depuis quelques semaines sur le Net. Résultat : tous les critiques y ont son visage et L'amour dure trois ans est présenté comme "le meilleur film de Frédéric Beigbeder".

Cet humour autodépréciatif est de même le moteur du film, adaptation de son propre roman, L'amour dure trois ans (Gallimard, 2001), qui narre les déboires amoureux de Marc Marronier, jeune chroniqueur littéraire autocentré, cynique et semi-dépressif (Gaspard Proust, extrêmement convaincant en avatar de Beigbeder). Au moment où il publie son premier roman, dans lequel il dit qu'après trois ans de vie commune les caresses de votre partenaire vous font le même effet que celles d'un gant de caoutchouc, il tombe fou amoureux d'une créature solaire (Louise Bourgoin, explosive), à qui il décide, de peur de la perdre, de cacher son identité d'écrivain.

Le film est drôle et pétillant. Léger, au bon sens du terme. Les dialogues claquent, les personnages sont croqués avec le regard aiguisé du moraliste, la bande originale est exquise... Et les acteurs sont, tous, aux petits oignons. En jeune bourgeois dont les qualités se résument à une collection de polos Lacoste roses, Nicolas Bedos est parfait. Bernard Menez, qui joue le rôle du père hédoniste et libidineux de Marc Marronier, est plus truculent que jamais et Annie Duperey absolument délirante en mère castratrice auteure du guide de vie féministe Je suis mère célibataire et je t'emmerde.

Ironique, cette comédie romantique l'est du début à la fin, parce que l'ironie est ce qui définit le rapport au monde de ce clown triste qu'est le personnage principal. Mais l'amour dont l'auteur témoigne pour le genre cinématographique dans lequel il s'inscrit, enroulant par exemple son intrigue dans la chanson de Michel Legrand Les Moulins de mon coeur, sauve le film du cynisme. En inventant son propre ton, et en faisant naître chez le spectateur une authentique émotion, Beigbeder rend hommage à ses idoles de la plus belle façon qui soit.

Publié le 17/01/2012

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