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Favorisons la résidence alternée dans l'intérêt de l'enfant par Richard Walter - Le Monde 22 déc. 11

En réponse à la tribune de Bernard Golse "A qui profite la résidence alternée ?", Le Monde du 22 décembre 2011 publie, dans sa rubrique "Idées", un article intitulé "Favorisons la résidence alternée dans l'intérêt de l'enfant" par Richard Walter, délégué SOS Papa Loiret :

Les adversaires de la résidence alternée se mobilisent bruyamment : une proposition de loi, pourtant équilibrée, subit leurs foudres. La tribune publiée par le docteur Golse dans Le Monde du 15 décembre en est encore un exemple manifeste. Alors que cette proposition vise simplement à favoriser la résidence alternée et à mettre en adéquation les textes législatifs avec les aspirations d'un nombre grandissant de papas à s'occuper de leurs enfants après une séparation, le docteur Golse comme d'autres ne décolèrent pas dès qu'on prononce l'idée d'une résidence alternée.

Pourquoi tant d'acrimonie ? A-t-on peur que les papas s'investissent dans l'éducation de leurs enfants après une séparation ? Sent-on que cette volonté est acceptée par la société à défaut de l'être par la justice ? Craint-on l'Europe où dans de plus en plus de pays, la loi autorise le père à être présent auprès de ses enfants après une séparation ? Quand le combat devient d'arrière-garde, la violence des propos est encore plus manifeste.

Étrangement, les adversaires de la résidence alternée ne disent rien sur l'absence de l'autre parent en cas de séparation, l'absent étant le plus souvent le père suivant la pratique judiciaire française. Un enfant peut-il se construire sans ses deux parents ? Il y a pourtant consensus pour dire qu'un enfant a besoin de ses deux parents et que cet enfant ne doit pas être enfermé dans une relation unique avec un adulte. Alors pourquoi tant de violence contre la résidence alternée ? N'y aurait-il pas d'autres intérêts en jeu ? Entretenir les conflits pour favoriser la multiplication des procédures, favoriser les solutions monoparentales pour garder la maman au foyer ?

Ce n'est pas en refusant la résidence alternée qu'on résoudra les problèmes. Contrairement aux oukases de ses pourfendeurs, cette proposition de loi ne vise pas à imposer la résidence alternée de force mais à rétablir une équité entre les deux parents. Avec cette proposition, la charge de la preuve sera inversée, à charge pour le parent qui ne souhaite la résidence alternée, d'en démontrer le danger, toujours, dans le plus grand intérêt de l'enfant.

Confier systématiquement l'enfant à la mère ne règle rien, surtout qu'aujourd'hui et à juste titre, les femmes veulent être traitées à la même hauteur que les hommes dans leur vie professionnelle ou sociale. Avec la multiplication des divorces et des séparations, pourquoi s'obstiner à entretenir des ghettos de familles "monoparentales" avec la mère pour le quotidien et les devoirs, le père pour les loisirs et les cadeaux ? C'est quand il y a conflit entre les parents qu'il faut trouver des moyens de médiation pour favoriser l'intérêt de l'enfant et non le conflit des adultes. Aujourd'hui s'il y a désaccord, la résidence alternée est, sauf exception, refusée. La résidence de l'enfant est alors accordée à la mère alors que le père doit se contenter d'un maigre droit de visite et d'hébergement. Il suffit alors de fabriquer du conflit pour avoir gain de cause et faire refuser par la justice une résidence alternée qui peut forcer les adultes à s'entendre. Il suffit d'accumuler les enregistrements téléphoniques, les copies de mails, les témoignages mêmes faux – la justice n'aura pas le temps de se retourner. Au final c'est toujours quand même : "au papa, le chéquier, à la maman les fourneaux."

Nous nous insurgeons contre cette image sexiste. Il faut changer la loi actuelle qui défavorise les papas et pénalise les enfants – mais aussi les mamans –, avec pour le papa un droit de visite et d'hébergement limité à quelques jours par mois et oblige souvent les mamans se retrouvant seules à abandonner leurs espérances professionnelles.

En Belgique, en Italie, aux Pays-Bas, comme dans d'autres pays européens, la médiation obligatoire et la garde alternée par défaut vont de soi. En France, la situation empire. En Belgique, comme dans d'autres pays européens, le droit des papas et l'intérêt des enfants avancent. En France, la situation empire. Nous nous étonnons qu'en ces temps de réforme, le sort des papas privés de leurs enfants soit oublié. La justice des affaires familiales est engorgée par la multiplication des procédures et forcément des décisions hasardeuses et inadaptées en découlent.

Indépendamment des couleurs politiques, sociales ou religieuses, qu'on soit papa, maman, grand-mère ou grand-père, ou simplement citoyen attaché aux droits des personnes, il faut soutenir cette proposition de loi pour adapter le droit actuel aux évolutions sociétales qui voient les deux parents travailler et partager les tâches familiales et des papas qui s'impliquent auprès de leurs enfants.

Aujourd'hui, 80 % des pères assistent à l'accouchement ; 70 % des pères prennent leur congé de maternité. Après une séparation, moins de 15 % des papas bénéficient d'une résidence alternée pour leurs enfants, les autres le plus souvent n'ont que quelques jours par mois pour tenter d'éduquer leurs enfants. Est-ce normal ?

Source : Le Monde

Publié le 22/12/2011

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